7-Espagne: de Leon à Santiago de Compostella
Lundi 17 septembre 2007 : Virgen del Camino – Hospital de Orbigo 30 km
Départ 6 heures ce matin, pas la grande forme, je suis dévorée par les moustiques, même sur les pieds. Je ne sais pas ce que ça va donner dans les chaussures. Nos avions prévu de prendre le chemin le plus court, le long de la route, mais nous nous trompons de chemin, ce n'est pourtant pas faute d'avoir cherché les marques! On en a fait des aller-retour dans la Virgen! Nous nous retrouvons sur la Cazalda de los peregrinos. Ce n'est qu'en arrivant au premier village que nous nous apercevons de notre de notre erreur, pas question de faire demi-tour! Un fichu chemin, 3 km de landes, nous en ferons 6 hélas, une borne pas vue!
C'est pas le jour pour se tromper, j'ai mal aux pieds dés le début. Des kilomètres de bitumes, et pas âme qui vive sur cette portion. Un détour d'un kilomètre pour trouver le bar de Vilar de Mazzarife, pas de chance, fermé, cerrado! Nous tentons même de faire du stop, honte sur nous! Mais douleur et désespoir ne font pas bon ménage avec endurance!
Un petit canal d'irrigation, je quitte les chaussures et c'est la cata, des ampoules énormes à la place de mes piqures. Un bain glacé, je tente de repartir avec les sandales, c'est encore pire, je panse et je remets les godasses. Pour couronner le tout, il se met à pleuvoir! On enfile les capes et nous nous abritons sous l'auvent d'une maison fermée! Nous rejoignons un couple de savoyard, ils sont partis hier de Léon pour aller jusque Santiago! C'est l'heure du casse-croute et nous faisons d'une pierre deux coup, on ne s'arrêtera pas après!
Heureusement, la pluie cesse rapidement et nous finirons même l'étape sous le soleil! J'avance comme un zombi, et en arrivant à Hospital de Orbigo, je ne profite même pas du spectacle du magnifique pont médiéval. Je n'ai qu'une hâte, poser sac et chaussures et voir l'étendue des dégats! Heureusement qu'Annie était là, sinon je me serais arrêtée à la première albergue venue, une étape sans grand intérêt, mais de très belles albergues!
En arrivant à l'albergue San Miguel, et devant l'état de mon allergie, je demande à voir un mèdecin, ils sont très sympatiques les hospitalleros, mais ne parlent pas un mot de français, je comprends qu'il faut attendre! On nous installe tout de même , et je deviens vite l'attraction numero un des lieux! Ils pensent que j'ai des puces, mais je ne suis piquée que sur les bras les jambes et les pieds, oui, j'ai eu chaud à la Virgen et j'ai dormi en dehors de mon duvet, pas recommandé!
Au bout d'une heure on me conduit au centro de salude, un service d'urgence, pas trop d'attente, le mèdecin me regarde de loin, une injection anti-histaminique retard et je peux repartir, on ne paye pas , je n'ai pas d'ordonnance, et je ne sais même pas quel produit ils m'ont injecté! De retour à l'albergue, et pour rassurer les hospitalleros, je mets tout mon linge à la machine, même le duvet! Je dormirai habilée ce soir, pas de sèche-linge, il faut que tout sèche à l'air! J'espère que tout sera sec demain matin! Une fois mes ampoules percées, les fils noués pour éviter qu'elles ne se reforment, je peux enfin prendre une bonne douche! Nous allons quand même faire quelques courses, je prends les claquettes d'Annie qui sont plus larges que les miennes! J'espère pouvoir partir demain matin! Mon copain Imovane et dodo.
Mardi 18 Septembre 2007: Hospital de Orbigo – Santa Catalina de Somoza 26 km
J'ai dormi d'un sommeil de plomb, injection + somnifère aidant. A 5h15, lorsqu'Annie se lève, je traine encore un peu et je me rendors. Quand je me lève, tout le monde commence à bouger et la cuisine est inaccessible. Nous décollons enfin à 7h 20. J'ai pu me chausser sans problème, je ne souffre pas pour l'instant. Pourvu que ça dure! Il y a déjà des pèlerins sur le chemin et le jour se lève vite. C'est la première fois que ça nous arrive depuis le départ, pas besoin de nos lampes!
Malgré la présence de la route, ce n'est pas monotone! Oubliée, l'étape d'hier, mes pieds me portent jusque Astorga, sans broncher! 16 km sans arrêt ni douleur, le mirâcle du chemin! Astorga est une jolie ville historique! C'est animé, c'est jour de marché! Nous craquons pour des chourros tous chauds.
Nous trouvons même un restaurant qui accepte de nous servir un peu avant midi. Nous nous régalons, comme d'habitude, plus grands yeux que grand ventre, on a peine à finir! Un petit tour à la pharmacie, la polaramine se vend sans ordonnance, je prend le dosage le plus fort! A la sortie de la ville, j'ai oubié mes lunettes, va falloir retrouver le resto et la rue, on n'a pas fait très attention! Ouf! Elles sont là! La serveuse ne les avait même pas vues. Elles étaient sur la chaise! Nous arrivons très vite à Murias De Réchival, nous décidons de continuer un peu plus loin, il est tôt!
Nous irons jusque Santa Catalina de somoza. Le soleil joue un peu à cache-cache, mais tant mieux, mes cloques acceptent mal sa présence. L'albergue Centro de Turismo el Caminante est très bien, nous ne somme que trois dans notre dortoir, dommage il manque une pièce pour les pèlerins, il n'y a que la salle du bar, c'est enfumé et bruyant, pas de cuisine, pas d'épicerie, ce soir ce sera resto!
Il faut attendre 19h 30, mais on est sur place! Mes pieds ne sont pas en trop mauvais états, je désinfecte tout ça, le plus difficile c'est la gratte, ça s'améliore doucement, je ne prends la polaramine que le soir! Carlo et Luigi sont là aussi, on se retrouve en visitant le village, un tour à l'albergue municipale, c'est ouvert, mais ça à l'air à l'abandon, en fait ils s'en servent pour dépanner le pèlerin! Je préfèrerais dormir dehors, là il doit y avoir des puces, des rats et je ne sais quoi d'autres encore!
Nous n'avons pas droit à la salle de restaurant, nous mangeons dans le bar. Pas de grande table, chacun mange dans son coin, dommage, nous partageons notre table avec un suisse, parti de Genève le 27 juillet. Le repas est copieux et délicieux.
Mercredi 19 Septembre 2007: Santa Catalina- El Acebo 28 km
Départ 6 heures ce matin après une furtive préparation dans les toilettes. Pas de petit-déjeûner, pas de petit café. Il fait froid et mon sac est trempée, ma poche à eau a coulé cette nuit. Une allemande qui assiste à notre départ est inquiète pour nous, il fait nuit et ce n'est pas prudent, nous la rassurons, nous avons l'habitude. A EL Ganso, le bar qui aurait du être ouvert est evidemment fermé. Un couple de français nous double, ils sont en short et frigorifié, nous ne attardons pas en palabres.
A 8h15 à Rabanal del Camino, enfin un petit-déjeûner au chaud, notre voisin de chambrée nous a rejoint. Il marche vite lui aussi! Rabanal est un joli village, bien conservé et bien restauré. Le soleil commence à poindre et nous sentons vite la douceur de ses rayons sur nous.
Puis la lande, une belle fontaine avec bassin nous y croisons un groupe de français à cheval! L'étape est belle, c'est varié et verdoyant. A 11h nous sommes à Foncebadon, un village restauré par des anglais, et trois albergues.
Dommage le clocher s'effondre de plus en plus et bientôt il n'en restera rien. Après une montée raide nous arivons à Cruz de Hiero. Nous n'avons rien prévu de laisser, il faut faire la queue pour prendre une photo.
C'est un point de ralliement pour les pèlerins, on se rend compte qu'il y a du monde sur le chemin dans des endroits comme celui-ci. Puis nous arrivons au refuge de Majarin où Thomas est censé accueillir le pèlerin.
Un tampon sur notre crédential, on n'accroche pas avec Thomas, pas un sourire, pas un mot de sympatie. Une foule de bimbeloterie à vendre mais rien pour manger. C'est médiéval même spartiate et les chats se faufilent de partout. Nous pensions rester là, le guide vantait l'accueil chaleureux de Thomas, mais finalement nous irons un peu plus loin, il est encore tôt, et ici pas engageant. Nous poursuivrons jusque El Acebo. Aïe! Aïe! La montée était assez douce, mais quelle descente! Longue!Raide! Caillouteuse! C'est avec un véritable soulagement, lorsque nous apercevons au loin les toits du village!
Nous trouvons l'accueil paroissial, pas marqué dans le guide, mais c'est donativo! Nous ne nous sommes pas trompées dans notre choix, les hospitalleros, anciens pèlerins, sont très accueillants, les locaux sont vieux mais bien entretenus. Ce soir nous mangerons tous ensembles, les hospitalleros ont fait des lentilles, une pèlerine italienne fait des spaghettis pour tous, nous achetons chacun quelque chose et on met en commun! Une soirée très sympa comme on en voudrait plus sur le chemin!
Nous avons même droit à une chanson composée et écrite pour le pèlerin. Notre hôte la chante dans toutes les langues représentées autour de la table. Nous sommes 19. Carlos et Luigi sont allés au restaurant, ils nous rejoignent pour la petite goutte. Nous nous couchons un peu tard, mais la soirée en valait la peine!
Jeudi 20 Septembre 2007: El Acebo- Cacabelo 31 km
Nous sommes levées à 5 heures du matin, nous avons très peu dormi, les lits grincent, ça ronfle, et tout le monde se lève beaucoup! Le petit-déjeûner est prêt sur la table, il est offert. C'est très sympa.
Nous sommes prêtes à 6 heures, mais la porte est fermée à clef, pas de clef sur la porte, nous sommes coincées. Il nous faut attendre 7 heures pour pouvoir partir. Ce qui fait bien rire notre ami Carlo. Il fait encore nuit, mais nous sommes sur la route, pas de problème. Le petit village de Régio de Ambros est très beau, même de nuit, très éclairé. Nous cheminons avec une chinoise, elle avance très vite, à petits pas et presque sur la pointe des pieds.
Elle reste à nos coté jusque Molinaseca, elle n'a pas de lampe. Elle a un superbe chapeau chinois, un baton décoré avec une clochette au bout. Le tintement léger de sa cloche nous acompagne. Elle parle très peu de français, et moi très peu d'anglais, mais on arrive à se comprendre. Nous la quittons à Molinaseca. Nous gardons la route jusque Pontferrada. Il y a un immense trottoir, tout le long de la route, et les deux villes se touchent. Nous faisons la même chose en sortant de Pontferrada, le chemin fait un détour par les collines!
L'étape étant longue, nous évitons les détours. Nous sommes parties avec une heure de retard ce matin. Nous traversons une zone industrielle et des villes-dortoirs. Puis Camponaraya, tout en longueur. Un bar sympa nous permet de déballer notre casse-croûte sur la terrasse ombragée, et protégée de la route. Une pause d'une bonne heure, depuis ce matin nous filons bon train et nous avons fait beaucoup de bitume, les pieds chauffent. Les antihistamiques font effets ça démange pas trop, et je me proyège du soleil avec mon paréo. A la sortie du village, nous retrouvons le chemin et les pèlerins. Il est 13 h, il fait très chaud. Le camino traverse des vignes bien entretenues, nous sommes dans la région du Bierzo, les espagnols sont fiers de ce vin. Il se laisse boire d'ailleurs . IL y a aussi des vignes plus pauvres presque à l'abandon, pourtant les vendanges ont commencé et les hommes s'activent malgré la chaleur,ils ne sont pas nombreux et pas de machines modernes.
Il y a même un vigneron qui foule le raison au pied sous l'oeil attendri de sa biquette. Il fait au moins 50 ° au soleil, ça commence à devenir difficile. Annie souffre de sa jambe. Elle serre les dents. Cacabelo est en vue.
Le refuge est à la sortie du village, dans l'enceinte de l'Atrio del Sanctuario de los Angustias. Des cabines doubles très confortables. Dommage pas de cuisine. Mais il y a de la place à l'extérieur et de nombreuses tables, nous pourrons manger dehors. Quelques kilomètres en plus pour visiter le village et faire quelques courses. Sonia est toujours dans notre sillage, mais elle est très discrète, et ne se lie pas beaucoup. La gratouille me reprend en fin de journée. C'est calme malgré le nombre de pèlerin, le refuge est immense. On se couche tôt.
Vendredi 21 Septembre 2007: Cacabelo-Ruitelan 27 km
Départ 6 heures ce matin. Km de bitume jusque Villafrance de Bierzo Un petit tour dans les vignes, ce sera le seul bout de chemin. Nous retrouvons très vite la N6. Juste un petit détour par certains villages.
Il est encore tôt lorsque nous arrivons à Véga de Valgarce, l'albergue tenue par des brésiliens nous tentait, mais on fait 2 km 800 de plus jusque Ruitelan, ce sera ça de gagner pour l'étape de demain, nous serons plus prêt de O Cebreiro. L'albergue privée de Ruitelan est ouverte. Demie-pension pour 14 euros, rien à dire. Un petit bémol pourtant on ne peut pas se lever avant 6 h 30. Il faut attendre la musique, et tout le monde se lève en même temps. On nous fait comprendre que si ça ne nous convient pas, on peut aller ailleurs. Mais à proximité il n'y a rien d'autre. Et on commence à en avoir un peu plein les godillots! Pas très intéressante cette étape, mais demain O Cébreiro devrait nous réjouir. On a encore pris de l'avance. C'est un excellent repas, notre chinoise de ce matin est là aussi, ainsi que Romi une suisse-allemande que nous avons croisé ce matin aussi! Franz, l'autrichien est là aussi! La bonne humeur est au rendez-vous même si nous sommes les seules françaises sur les 23. Nous ne trainons pas trop à table, il y a un deuxieme service, les jeunes mangent après nous.
Samedi 22 Septembre 2007: Ruitelan – Tricastella 31 km
Nous sommes fin prêtes lorque la musique commence, notre sac est bouclé et l'odeur du pain grillé nous titille. Nous ne perdons pas de temps et avant 6 h 30 nous sommes au petit-déjeûner, evidemment les premières. Mais la chinoise part avant nous, elle a rempli ses poches et se met en route rapidemment. Nous démarrons à 7 h 08. Finalement pas trop de retard puisque nous ne ferons pas de pause petit-déjeûner. Nous gardons la route jusque Laguna. Le chemin fait un détour mais surtout un dénivelé plus important, il descend au fond d'une combe pour remonter ensuite, la route s'élève en lacet et le dénivelé ne se sent pas trop. Puis nous rejoignons le Camino, pas question de manquer la borne des frontières de la Galice et le km 152 .
Le compte à rebours commence ici. Une borne tous les 500m. .
Il faisait beau ce matin, mais au fur et à mesure de notre ascencion nous rattrapons le brouillard. Il commence à faire plus frais, même froid. O Cebreiro est un beau village fortifié. Il mériterait une étape, mais nous ne voulions pas finir par une montée.
Finalement pas si terrible que ça! Nos attaquons une longue descente dans la forêt, de belles pistes très larges, nous nous réjouissons, nous croyons en avoir fini avec la montagne, nous avons mal évalué notre étape. Il faut remmonter L'alto de San Roque, on a encore un peu de jus. Plus de brouillard et le soleil est de la partie.
Mais il reste encore l'Alto de Poyo, et là c'est pas du gâteau. C'est vrai qu'on à déjà fait pas mal de dénivelé, je voudrais atteindre le sommet avant que l'on s'arrête. On en peut plus, juste en dessous du col Annie craque, elle m'en veut un peu de ne pas m'arrêter. Un dernier effort et nous y sommes. Il y a un bar-restaurant. On a nos sandwiches mais les plats qui passent devant nous sont tellement appétissant que nous craquons pour un plat de viande en sauce.
Envolée la fatigue, on se sent bien et la mauvaise humeur d'Annie a éé de courte durée. Peut-être un peu lourd, l'étape est moin d'être terminée. Il nous reste 13 km jusque Tricastella. Il paraît que c'est tout en descente d'après radio-camino! Plus de bitume, rien que des chemins, mais la descente se fait attendre! A Fonfria, nous sommes accostée par une vieille espagnole qui nous offre gentiment des crèpes. Mais la gentillesse n'est qu 'apparente, lorsque nous avons manger notre crèpe, la brave dame nous fait comprendre que c'est donativo, nos 50 cents ne lui suffise pas elle veut 1 euros. Un peu chère la crèpe, Nous nous sauvons sous ses injures, en abandonnant un couple de canadien dans ses griffes, les pauvres, ils n'ont pas un brin de monnaie. Nous sommes enfin à Tricastella.
L'abergue municipale se trouve avant le village, nous décidons de tenter l'albergue privée dans le centre. L'albergue est toute neuve elle vient d'ouvrir, une immense cuisine et de l'espace. La nuitée à 7 euros, rien à dire. Un petit combat avec la cabine téléphonique, j'ai encore perdu 1 euros! Un vrai casse-tête ce téléphone, et le portable hors de prix.
Dimanche 23 Septembre 2007 : Tricastella – Ferreiros 31 km
Très agréable de se préparer, l'albergue est immense et la cuisine bin indépendante. Nous partons à 6h 08. Il ne fait pas froid ce matin. Lorsque le jour se lève c'est très beau, nous sommes au-dessus de la nappe de brouillard. On se croirait au bord de la mer et les collines emergeantes semblent de petits ilots. La luminosité est très blanche. Puis nouis plongeons dans le brouillard. Il fait très humide d'un coup et les arbres pleurent sur nous. Peu de pèlerins ce matin. Sonia nous rejoint et nous sème très vite. Il nous faut attendre 15 km pour trouver un café ouvert. Après Pintin, enfin une enseigne lumineuse et un peu de chaleur. Il ne reste que quelques fermes dans les hameaux que nous traversons, et on joue souvent à saute-bouse de vache, moins agréable que saute-mouton!
Le soleil ne se montre qu'à midi mais il nous réchauffe très vite. Sarria est vite traversé. Une pause assez courte à la sortie du village, sur une jolie murette. Puis dernier arrêt à Rente, une glace pour moi, un énorme sandwich pour Annie. On attend longtemps, les espagnols sont prioritaires et ici le pèlerin ne semble pas le bienvenu. Il faut s'imposer si on veut être servi! Puis nous nous metttons enfin en route, aucub arrêt jusque Feereiros, il est déjà tard et l'albergue n 'a que 22 places. La borne des 100km nous booste et nous faisons du 6 km/heure pour l'atteindre. Encore 1km500 , c'est la course au lit cette étape. On nous passe devant presque en courant. Les espagnols n'ont besoin que des derniers 100km pour faire valider leur compostella, pour les pèlerins à pied. Les cyclistes doivent faire 200 km. Ouf, enfin l'albergue, nous avons les derniers lits.
Un seul dortoir, une cuisine pour liliputiens, pas de salle à manger, dans le village deux restaurants. C'est donativo. L'étape a été longue, belle mais dure, des montées et des descentes tout au long des 31 km. Mais les chemins sont beaux, souvent ombragés. Dans les villages les masures en ruines cotoient de belles demeures bien restaurées sans aucun complexes. Nous ne trouvons qu'un seul restaurant, justa à coté de l'albergue. Nous sommes acueillies chaleureusement par la propriétaire des lieux, nous ne sommes que quatre dans la salle. Dommage que la nourriture ne soit pas à la hauteur de l'accueil. C'est infâme. Des nouilles froides et cuites depuis au moins trois jours si ce n'est plus, le poissons c'est calamar! Et le service laisse plus qu'à desirer. On nous pose tous les plats en même temps. Notre voisin de table voit arriver son steak en même temps que le potage. Le chaud devient vite froid, peut-être pour ça qu'on m'a servi les pâtes froides! Pour le dessert une petite part de melon espagnol, dommage, il est bon! En sortant, nous pestons de n'avoir rien dit. Nos deux compagnons de tables n'ont pas pipés mots non plus. Ils sont aussi en colère que nous!
Lundi 24 Septembre 2007 : Ferreiros – Ligonde 25km + 3 km
Départ 6 heures ce matin. Nous sommes quatre à nous lever. Il fait nuit, mais le ciel est étoilé. Nous passons dans de jolis petits chemins, nous traversons de nombreux hameaux. Evidemment, nous ratons une balise. Nous remontons sur un bon kilomètre! Normal, nous avions prévu une étape plus courte aujourd'hui.
Rien d'ouvert jusque Portomarin que nous atteignons vers 9 h 30. Une furieuse envie de croissant s'empare de nous! Un tour complet de la ville avant de dénicher une panaderia. Annie a voulu s'acheter une lampe frontale. Puis un café. La serveuse nous regarde de travers avec nnos croissants. Mais no comprendo! Annie s'aperçoit qu'elle a laissé son bâton au magasin. Encore un tour de ville, le bâton a pris la poudre d'escampette. Par acquit de conscience, nous retournons à l'entrée de la ville, nous nous sommes arrêtées pour prendre des photos. Mais pas de bâtons. Encore un tour complet de la ville pour reprendre le chemin! Il était sur notre gauche mais on a sagement suivi les balises. Un groupe de touriste fraîchement sorti de l'hôtel nous double, ils vont jusque Palas del Rei. Leur hôtel et leurs bagages les attendent. Chacun sa route, chacun son chemin! On enfile la cape en sortant de la ville il pleuviotte. A 13h, un pause s'impose, nous sommes sur le bord d'une grande route et rien d'autre que le muret d'un caniveau à sec pour s'asseoir. Nos pieds n'en peuvent plus. Il ne nous reste plus beaucoup de chemin pour aujourd'hui, nous aurons quand fait presque nos 30 km encore aujurd'hui! La pluie a laissé la place au soleil, c'est bien agréable.
A l'albergue , il n'y a personne, c'est ouvert, nous nous installons. Nous sommes arrivées avec la pluie dommage! C'est donativo aussi. Le restaurant est à 500 m. La pluie menace encore. Après une bonne douche brulante et un peu de repos, il n'y a rien à visiter ici! Un jeune italien et sa soeur, nous tienne compagnie et nous donne le courage de descendre jusqu'au restaurant! Et là pas de regret! Le repas est excellent. Une merveilleuse soupe aux choux, une tranche de filet de porc, des frites et des fruits au sirop pour 8 euros, c'est pas le Pérou ça! Nous sommes même arriveée à nous faire comprendre pour commander une « tila », infusion, qui termine bien notre repas. Une chance, il ne pleut plus quand nous sortons du restaurant.
Mardi 25 Septembre 2007 : Ligonde- Ribadiso da Baixa 33km
Nous sommes levées à 5h 30, nous avons la désagréable surprise de trouver un matelas dans la cuisine. Les filles d'à-côté ont fait rentrer deux garçons après le passage de l'hospitalleros. Il y avait de la place, dans le dortoir, ils auraient pu s'y mettre, personne n'aurait rien vu, mais qu el mauvais esprit et vu le prix que ça coûte.Du coup nous nous préparons dans le noir. Il fait bon ce matin. A 8h30 nous atteignons Palas del Rei. Un vrai petit-déjeûner et c'est reparti. On longe souvent la route mais un peu en retrait.
Le chemin est sympa, on traverse des forêts de pins et d'eucaliptus, ça sent bon! Le soleil est au rendez-vous, même s'il y a un peu de vent, c'est très agréable. A 12h30, Mélide, nous avons fait 24 kilomètres ce matin, un record. Nous pensions faire étape ici, mais il est trop tôt. Un bon petit plat, il y a des brasseries sympa, un jus d'orange frais et nous sommes d'attaque pour repartir. Il y a 12 kilomètres jusque à la prochaine albergue. A la sortie de Mélide, on tourne un film, c'est sympa! Aujourd'hui, beaucoup de pèlerins sur le chemin et ça fait passer le temps sur une longue étape. Depuis ce matin nous croisons et recroisons quatre jeunes espagnols plein d'entrain et très sympatiques. Nous soupçonnons cependant que leurs gourdes contiennent bien autre chose que de l'eau! A 14h30, une dernière pause pour nos pieds. Il y a une très belle aire de repos et nous en profitons. Un pèlerin australien, cyliste installe son hamac pour la nuit près de la petite rivière, le cadre est enchanteur. Il n'a pas peur de l'humidité! Il est parti d'Angleterre, quel périple! Puis un groupe de treize amis français qui se retrouvent toutes les années pour un bout de chemin depuis 2000, ils sont un peu triste une de leurs alies a fait une mauvaise chute et a du renter. Ils vont jusqu'au bout cette fois-ci. Nous discutons pendant plus de 2 kilomètres avec un parisien. 9A fait du bien d'avoir une vraie conversation. Parler « petit nègre », ça facilite pas trop les contacts et c'est dommage. C'est le seul bémol de notre aventuren ne parler ni espagnol ni anglais. Pas beaucoup de français sur le chemin, surtout des couples, pas très ouverts au dialogue. Le refuge de la Xunta est dans les murs d'un ancien hopice qui accueillait déjà les pèlerins. Les dortois sont dans les anciens batiments et les sanitaires sont sont dans des locaux récents et modernes. Une très belle cuisine avec un nombre impressionnant de plaques à induction, mais aucun ustensiles, pas une casserole, ni un couvert, dommage! C'est donativo, les radiateurs électriques tournent à fond dans les dortoirs. Dommage les W.C sont à l'extèrieur! Brrr! Nous allons nous peler cette nuit! Ce soir repas au restaurant jouxtant le refuge. Pas d'épicerie.
Mercredi 26 Septembre 2007 : Ribadiso – Monte de Gozzo 38 kms
Départ ce matin à 6 heures, nous avons pu chauffer l'eau dans nos gobelets, et les croissants achetés hier soir au restaurant sont les bienvenus. Annie a du me reveiller, j'étais partie pour dormir ce matin, mais l'étape est longue. Les bornes indiquaient 34 km mais en fait nous en ferons 38. Nous ne sommes pas aussi fraîches qu'hier, nous enchainons les longues étapes, quelquefois malgré nous. Nous avions prévu une moyenne de 25 kilomètres par jour mais difficile à tenir avec les albergues, et finalement 25 cest un peu court pour nous, on part très tôt! On a beaucoup d'avance, nous irons a Fisterra à pied, trois ou quatres etapes de plus, après Santiago!
Nous faisons quand même nos 9 kilomètres avant la première pause. Un petit bar-épicerie, une boisson chaude, un fruit pour ce matin, une banane pour la route ça devrait aller. Ce matin nous avons retrouver le clair de lune! Depuis Atapuerca, la lune avait disparu. Nous cheminons un moment avec une jeune équatorienne qui n'a pas de lampe et profite de nos »lumières ». Nous ne rencontrons pas d'autres pèlerins jusque Arzua. Nous traversons et retraversons la N547 qui mène à Santiago. Jusque Lavacolla, les bornes correspondaient. Nous sommes toujours sous les eucamlyptus. Et les têtes de choux dans les jardins. Ici on les laisse monter, on ramasse les feuilles au fur et à mesure des besoins. A Lavacolla, il nous reste 5 kilomètres de plus que prévu. Surtout qu'à midi nous avons raté le village et nous n'avons mangé que notre banane et un carré de chocolat. Les jours passent et ne se ressemblent pas. Puis c'est l'immense refuge de Monte de Gozo.
L'hospitalleros est sympa et lorqu'il voit l'étape que nous avons fait aujrd'hui, il nous salue bien bas, et lâche tout pour nous porter nos sac dans notre chambre, nous ne sommes pas peu fières même si nous sommes plus que crevées. Mais ça fait du bien à notre ego, nous touchons au but, nous sommes à la porte de Santiago. Nous avons une semaine d'avance sur nos prévisions. Notre récompense ce sera Fisterra! Nous parcourons encore des kilomètres dans ce centre, c'est immense, des baraquements et tout en bas les restaurants et les boutiques et la laverie aussi. On décide de tout laver pour Santiago. Nous retrouvons le belge avec qui nous avons partagé un repas à Uterga, il se souvient à peine de nous! Où sont tous nos amis? Il y a déjà un moment quon a perdu tout le monde! L'hospitalleros nous conseille la petite épicerie du village. Il y a tout ce qu'il faut. Et pas besoin de réserves pour demain.
Jeudi 27 Septembre 2007 : Monte de Gozo- Santiago 5 kms
Départ 7 heure ce matin, on a traîné un peu, nous n'avons que 5 kilomètres à faire.Les jeunes ont laissé la cuisine dans un état déplorable, pas étonnant que dans certaines albergues on ne puisse plus cuisiner. Mais nous sommes incapables de partir plus tard. Un magnifique clair de lune nous accompagne, nous n'avons pas besoin de nos frontales. A 8h30, nous sommes devant l'office de pérégrinos, mais ça n'ouvre qu'à 10 heures. Il y a encore peu de monde. Nous sommes les premières à obtenir notre compostella!
Une visite de la ville s'impose, l'office de tourisme en premier, il nous faut la documentation pour aller à Fisterra. Nous irons même jusque Muxia et le sanctuaire de la Barce, nous ne connaissions pas , aller 30 kilomètres de plus, nous n'allons pas chipoter pour si peu, nous en avons fait 850! La station de bus, nous avons notre billet d'avion, Biarritz-Lyon. Nous prendrons un car de nuit le jeudi 4 octobre, jusque Irun, puis Hendaye, puis Biarritz. A midi nous sommes à l'église, c'est bondé.
Les flashes crépitent de tous côtés. Nous sommes en plein courant d'air et nous sommes tous encapuchonnés. Une messe complètement en espagnol, un e petite phrase en italien en allemand et en anglais mais pas de français. Ne serions-nous pas en odeur de sainteté à Santiago? Un peu choquant, pendant l'office les gens continuent de visiter, je ne suis pas une fervente cathiolique, mais il me semble que ces lieux et ces instants sont à respecter. Pour le pèlerin, quelque soit sa confession, c'est un grand moment!
Un grand moment encore lorsque l'encensoir s'élève au dessus de nos têtes! Impossible à immortaliser. A la sortie de l'église, nous craquons pour une assiette de moules dans un bistrot un peu chic.
Ils ne sont pas très sympa et nous regardent de haut. Aussi, lorsqu'ils se trompent en faisant l'addition en ne comptant qu'une assiette nous ne disons rien. Nous degottons un petit restaurant offrant buffet à volonté pour 7 euros 50, c'est notre jour de chance. Nous récupérons nos sacs à la consignes de l'office de pérégrinos, et en route pour le Seminario.
Les batiments dominent Santiago, il faut grimper sec pour les atteindre. Cest immense, plus de 100 lits. Un vrai labyrinthe, des dortoirs de plus de trente lits de minces cloisons entre eux. Ca nous fait rire, mais certains messieurs sont choqués.
Nous nous installons rapidement, une douche et nous repartons sur Santiago, nous avons rencontré un belge qui revient de Muxia, il va essayer d'aller manger au Parador, nous aussi! Les parador sont des anciens palais transformés en hôtel. Celui de Santiago offre le repas au dix premières personnes présent aux horaire indiqué, 7 heure du matin, 12 heures et 19 heures. Il fait bon, La photocopie de notre compostella, pur le Parador, on en profite pour la faire plastifiée. Puis direction la porte du garage du Parador, c'est là qu'il faut attendre. A17h45, c'est gagné, nous sommes neuvième et dixième.
Nous attendons donc à la porte du garage jusque 18h 45, le portier vient nous chercher, nous entrons par la grande porte, nous traversons des salles splendides, des salons magnifiques, des restes monstrueux de gateaux traînent sur les tables . Puis nous arrivons dans une espèce de self-service, un plateau, une salade, des ailes de poulets des frites et un kiwi.
Les cuisines du personnel, et le repas du personnel. La salade est bien avancée et certaines feuilles sont mêmes pourries, super le repas au Parador, nos mangeons dans une petite salle pompeusement baptisée « Salle des pérégrinos ». Nous sommes dix et nous n'vons même pas une table pour dix. Il y a sept places à la « grande » table, et une méchante table ronde coincée sous la fenêtre pour trois, des tabourets de guingois. Le fin du fin! A la sortie nous avons tous la même mine déconfite et nos adieux et nos remerciements sont plus que timides. Pas la peine de faire la queue pour ça, sauf si vous êtes vraiment fauchés!
En rentrant le soir, la ville est très animée, de nombreux concerts gratuits sur les places. 9a nous met du baume au coeur.