8- Espagne - de Santiago à Fisterra et Muxia
Lundi 28 Septembre 2007: Santiago – Negreira 23 km
Une nuit épouvantable au monastério. Fermeture des portes à minuit, et les gens ne se gènent pas! Lumières, portes qui claquent jusqu'au dernier délai.Un malade délirant et halluciné déambule dans les dortoirs et les salles de bains. Il veut entrer dans la douche d'Annie et l'insulte en hurlant lorsqu'elle lui ferme la porte au nez! Le voisin de lit d'Annie se promène complètement nu dans le dortoir. Il prend son même son temps pour ranger son sac sous le nez d'Annie! Fou-rire dans le dortoir, mais nous rions jaune. Nous ne nous quittons pas pour aller aux toilettes et à notre retour dans le noir, nous ne retrouvons plus notre lit. Nous n'avons qu'une peur, c'est de tomber sur le lit de l'exhibitionniste. La même pensée traverse sûrement la tête de nos voisin d'en face, car nouveau fou-rire, ça detend l'atmosphère et ça nous rassure que les autres ne dorment pas encore. A 1 heure nous n'y tenons plus le comprimé pour dormir s'impose. Ca ronfle de tous les côtés. Nous émergeons à 5 heures, mais décidons d'attendre un peu, le réfectoire est aux sous-sols et nous ne sommes pas très rassurée! A 7 heure c'est en compagnie d'un magnifique clair de lune et de Juliette,une jeune colombienne que nous nous mettons en route. Le balisage pour sortir de la ville est bien fait, mais après impossible de situer dans quel patelin nous sommes!
Notre guide est succcint, c'est un peu le pifomètre. Il y a de nombreux français qui vont jusque Fisterra à pied. Un petit bar, dans un village anonyme, nous prenons un café en compagnie de Louisette, elle voyage seule. Elle vit dans le Berry, mais a des attaches en Savoie, ce qui nous rapproche un peu. Le village de Puenta Maceira est le plus beau de la journée. Nous traversons son magnifique pont. Il fait beau, un groupe de jeunes pèlerins se baigne au dessous de nous, ils rient aux éclats, ce soir ils feront grises mines quand ils s'apercevront qu'il ne reste que des tentes à l'albergue.
Annie commence à souffrir de sa jambe aux alentours de midi, nous sommes en compagnie d'un couple de stéphanois qui ont encore des antalgiques, ils nous dépannent volontiers. Nous nous octroyons une bonne pause. Il va falloir finir l'étape, Annie est inquiète, elle espère arriver au bout à pieds, sinon nous finirons en bus.
L'albergue est à la sortie du village, j'ai le dernier lit. Il reste quatre lits dans une chambre au rez de chaussée, il est réservé jusque 20 heures pour d'éventuels handicapés. Annie est sur liste d'attente. Un jeune homme lui propose le sien si ce soir elle n'en a pas. La gérante de l'albergue n'est pas très engageante, elle ne parle pas un mot de français. Une douche froide en plus sans aucune intimité, pas de rideau, pas de porte! Nos stéphanois sont là, ainsi que Louisette,il y a aussi Marie-Reine et son mari, ils ont déjà tous faits le chemin au moins une fois.
Nous trouvons quand même le courage de redescendre au village faire quelques courses et trouver une pharmacie. Heureusement il y a tout ce qu'il faut. Au retour, Marie-Reine propose une petite séance de massage à Annie, il paraît qu'elle a un certain pouvoir! Effectivement Annie se sent mieux après cette séance. Il y a beaucoup de monde dans l'albergue, autant de matelas par terre que de lits! Nos cinq compagnons sont arivés tôt, ils sont dans le premier dortoir. Dans le mien il n'y a que des jeunes étrangers.
Samedi 30 Septembre 2008 : Negreira – Oliveiroas 34 km + 3
Départ en catimini ce matin, il y a des gens couchés de partout sur le sol. Il faut enjamber et avec les sacs pas facile! Nous avalons un rapide petit-déjeûner dans la minuscule cuisine, à la frontale, la lumière est commune avec la salle. Il tombe un léger crachin , mais il ne fait pas froid. Nous nous trompons dès le départ et c'est déjà un kilomètre en plus, c'est normal c'est une étape longue. A 9h 30 un petit bar bien sympatique, il y a déjà du monde, nous ne sommes plus tout à fait étanches. Ca sent bon le pain grillé, mais hélas hier nous avons fait le plein. Nous repartons sous la pluie. Tant pis l'appareil photo restera au fond du sac aujourd'hui.
Nous avançons tête baissée, pas de beaux paysages pour l 'instant. A 12h30 encore un bar sur le bord de la route, ils sont bien indiqué sur notre petit guide. Le patron nous regarde un peu de travers et nous fait comprendre qu'il faut laissé les capes dehors. Louisette puis Juliette nous rejoignent. Pas de grands sourires mais un excellent sandwich! En sortant du bar, nous ratons une balise et deux kilomètres encore dans la mauvaise direction. Heureusement, une brave espagnole nous remet sur le bon chemin. Le paysage est sauvage, beau malgré la pluie qui ne s'arrêtera pas beaucoup aujourd'hui. Ca fait floc-floc dans les chaussures. Pas des plus ageables. Nous arrivons enfin, il est 16h45. Personne pour recevoir le pèlerin transit. Toutes les places sont prises. Il ne reste qu'une espèce de grange avec des matelas au sol. En plus un local en plein vent, nous allons attrapper la mort si on reste ici! Et demain nous repartirons trempées! Heureusement un jeune allemand nous indique un hôtel dans le même village. Ils ont retenus la chambre la moins chère pour eux. Nous n'hésitons pas, il reste une chambre pour 60 euros, c'est 3 *** ici dans ce bled perdu au bout du monde!
Il y a possibilité de rajouter un lit d'appoint et nous accueillons une jeune autrichienne que la perspective de dormir à la belle étoile n'enchantait pas beaucoup. Nous ne lui demanderons que les 10 euros de supplément pour son lit. Elle est ravie. Nous passerons au moins une nuit au chaud. Le propriétaire a même allumé la cheminée , elle est immense et tout devrait sécher. Mais nos chaussures ont été poussées par une main pas bien intentionnée. Dommage! Un petit tour à l'albergue, Marie-Reine dort, Annie devra attendre et revenir pour son massage. Nous mangeons au resto ce soir. Nos cinq compatriotes sont là aussi, ils ne nous proposent pas de faire table commune dommage. Mais le repas est excellent et le vin est bon,nous nous consolons bien vite de toutes nos petites misères.
Dimanche 30 Septembre 2008 : Oliveroas – Cee – Curcubion
22 km
l' albergue municipale au petit matin
On se lève plus tard, il a plu toute la nuit. Nos voulions partir sur Muxia, mais changement de programme, l'étape est trop longue, les conditions météos pas favorables. Ca devrait s'améliorer, nous ferons le circuit dans l'autre sens. En direction de Fisterra, il y apossibilité de faire étape à Cee. Nous démarrons à 8 heuresn nous nous sommes même offert le petit-déjeûner. Nous sommes vites trempées, et les chaussettes sont vites imbibées. Nous essuyons même une bel orage. Juliette nous rattrappe, elle aussi est à essorée, elle est moins bien équipée que nous et pas à l'aise dans ses basketts.
Ouf, heureusement vers 10 heures la pluie cesse enfin. Louisette nous rejoint aussi, elle marche vite et ne tarde pas à nous distancer. Le paysage pourrait être magnifique, mais c'est une vrai désolation! Les traces de l'immense incendie de l'an dernier sont encore bien visibles. Tout a brûlé, jusqu'à la côte.
Les riverains ont du avoir « chaud aux fesses » et une sacré peur. Ce serait des propriétaires mécontents de ne pouvoir vendre leurs terrains qui se seraient vengés. En effet tout est protégé ici, on ne fait pas ce qu'on veut. Nous grimpons dans la lande, nous croisons quelques chasseurs avec leur chiens. Puis soudain, tout en haut, c'est la surprise. A nos pieds l'océan, et même un rayon de soleil sur le port en bas. Un paysage de carte postale.
Je ne pensais pas voir l'océan avant Fisterra! La descente est raide, longue et caillouteuse mais la vue est si belle. Même la nature semble reprendre le dessus et des pousses vertes émergent du sol noirci. Nous cherchons longtemps l'albergue, nous retrouvons Louisette qui comme nous cherche et cherche... Et nous joignons à elle. Même les autochtones ne savent pas où se trouve cette albergue. Finalement nous la dénichons, en haut d'une ruelle paumée, c'est bizarre nous avons l'impression que presque toutes les albergues sont en haut. Une immense déception, c'est plus qu'infâme, comment peut-on proposer ce genre d'accueil, c'est quand même une ville importante. Et en bord de mer en plus. C'est gratuit, heureusement! L'albergue se trouve dans un vieux bâtiment qui ressemble à une caserne, le premier étage est restauré, il y a des salles de sports. Nous sommes envoyées dans les sous-sols. Une seule pièce, cinq lit avec des matelas inommables. Et des dizaines de matelas de plastiques empilés. Les moutons sont sûrement transgéniques, ou ils ont mutés. Il y a des douches et des w.c qui doivent servir aux sportif du premier étage.
Louisette commence à s'installer, elle prend sa douche, et fait une petite lessive. Nous nous commençons par manger un petit bout dans une court en face d'un haut mur, on se croirait dans une prison. Quels lieux sordides. Nos quatre français arrivent à leur tour et repartene immédiatement, ils ont une albergue privée sur leur guide à Curcubion à 4 kilomètres . Nous décidons de les suivre, nous avons vite fait de plier le peu que nous avions sorti. Louisette nous emboite elle aussi le pas, pas question pour elle de rester seule ici. Je crois que si nous avions dû rester, nous aurions fait le ménage avant. Il faut faire vite, il n'y a que 15 lits à l'albergue San Roque.
Dommage, depuis Santiago c'est vraiment la course au lit, il faut vraiment tout calculer ou prévoir un budget pour l'hôtel. Mais courage, ça se développe et bientôt il y aura de la place pour tous. Une bonne surprise nous attends, l'albergue est dans une jolie petite maison, fans un jolie parc. Il est 15 heures nous sommes 7 devant la porte, il y aura de la place. Les hospitalleros viennent nous saluer. Ils n'ouvrent qu'à 16 heures. Il faut patienter, on nous attribue un numéro. A 16 heures nous sommes au complet.
Nous rentrons chacun à notre tour. C'est très propre et très bien aménagé, judith et son mari Florentino sont très accueillants bien que très stricts. C'est donativo et le repas du soir et le petit déjeûner sont compris. Un petit bémol pour nous, impossible de se lever avant 8 heures, il faut attendre la musique. Le repas du soir est excellent et se déroule dans la bonne humeur. Nous sommes 23 avec les trois hospitalleros. Finalement il y a un peu plus de lits que prévu.
Lundi 1er Octobre 2007 : Curcubion – Fisterra – le phare 16 km
Evidemment à 7h 45, nous sommes fins prêtes au fond de notre lit, nous n'y tenons plus, nous tentons une encorsion au rez-de-chaussée et nous nous faisons « houspiller » par Florentino. Il faut attendre 8h et la fin de la musique pour accéder à la salle à manger. Puis au revoir les hospitalleros et merci, à tout à l'heure tous nos compagnons, ce soir nous serons tous à Fisterra!
On commence par prendre une bonne douche au départ. Puis une embellie, nous nous croyons sauvées, nous commençons à peine à sécher que le ciel devient noir, nous essuyons notre deuxième averse de la journée. Vers 10h 15 ça se calme enfin. Le paysage en face de nous est magnifique. Nous apercevons même le phare au loin. Autour de nous toujours les traces de l'incendie de l'an dernier jusque Fisterra c'est le même spectacle que la veille. Arbres calcinés, avec des petites touffes vertes qui pointes deçi-delà! Par moment nous avons même l'impression de sentir la fumée.
Il est 11h 30 lorsque nous arrivons à Fisterra, l'albergue n'ouvre qu'à 14 h, pas question de laisser sa place dans la file, Louisette fait la queue avec nous, les deux couples ont décidé de prendre une chambre à l'hôtel, c'est leur dernière nuit,ils ne vont pas à Muxia. Enfin nos pouvons nous installer.
Pas mal le gîte de Fisterra mais dommage que nous n'ayons pas accès aux cuisines le matin. Encore une abbhérration du règlement par ici. Nous posons rapidement nos sacs et route pour le Phare. C'est un paysage à couper le souffle. Sur le bord des rocher tout au bout de la terre, on se croirait à l'avant d'un immense navire.
J'ai oublié le vêtement que je voulais laisser au mât, Annie sacrifie son débardeur. Tant pis je reviendrais un jour... Louisette a décidé de poursuivre jusque Muxia aussi, nous lui avons donné envie. L'albergue est bien rempli mais ce n'est pas bondé. Nous mangeons à l'albergue avec Louisette et les deux couples de français qui avaient beaucoup de provisions à partager.
Demain c'est la l'ultime étape, d'autres beautés noous attendent, si nous trouvons notre chemin, il paraît qu'il y a un guet à passer, notre petit guide n'en parle pas, il y a parfois de l'eau jusqu'aux genoux! Nous avons en poche notre deuxième compostella.
Mardi 2 Octobre 2007 : Fisterra – Muxia 33km + 4 km
Départ 6 heures ce matin, nous mangeons notre croissant dans le petit patio. Evidemment mal renseignées nous partons du mauvais côté, il fait nuit. Nous avons repris le chemin à l'envers trop loin, on se retrouve à Sardineiro. Nous arrêtons un brave automobiliste, il est certain que nous pouvons retrouver notre chemin 7 km plus loin. Nous arrivons très vite à Curcubion, le bord de mer est magnifique.
Puis Cee, là aussi c'est une heureuse surprise, le front de mer est des plus agréables. Finalement nous décidons de garder la route jusqu'à 17 km de Fisterra, les panneaux routiers sont bien précis et nous avons peur de tourner en rond sinon.
Enfin la bifurcation pour Muxia, il reste 16 km. Tant pis nous n'aurons fait que du bitume. Nous traversons pleins de petits villages sypas faute de retrouver des pèlerins.
Il fait beau et chaud, c'est bien agréable. Nous quittons enfin une portion de voie rapide très roulante et pas aménagée pour le piéton au niveau de la Capella San Roque.
Oui, encore une, là nous sommes en forêt, et un joli chemin nous conduit jusqu'au bord de l'océan. La vue sur Muxia et ses rochers vaut vraiment le coup.
On coupe par la plage sous le regard impassible des mouettes, nous sentons bien que c'est leur territoire. Encore une fois une albergue perchée tout en haut. Il n'y a personne à l'accueil mais c'est ouvert et on peut s'installer. C'est tout neuf et comme on nous l'avait dit presque un cinq étoiles. Il y a une cuisine super équipée et de nombreux sanitaires. Le top.... Notre ami belge du début est là aussi toujours aussi peu bavard. Louisette est là aussi, elle a pris le bon chemin et il y avait effectivement un joli gué à traverser. Heureusement pour elle, elle n'était pas seule à ce moment là!
Une bonne douche, la journée n'est pas finie, encore 2 bons kilomètres pour aller jusqu'au Sanctuaire le la Barca. Encore un lieu à couper le souffle! Un tour à l'office de tourisme pour aller chercher notre 3eme compostella.
Nous ne regrettons pas ces 120 km en plus, dommage pour la pluie des premiers jours mais c'est le chemin! Mais en 34 jours de marche nous avons tout de même eu beaucoup de chance. Ce soir c'est resto, nous mangerons en compagnie de Louisette. Quelle surprise de voir débarquer dans le restaurant nos amis canadiens Ginette et André! Ils ont fait cette dernière étape en car,ainsi qu'une ou deux du trajet, ils ont aussi faits des arrêts pour cause de grosse fatigue de Ginette. Nous prendrons tous le même car demain matin.
Mercredi 3 Octobre 2007 : Muxia- Santiago bus.
Nous sommmes tous au rendez-vous à 7 h 15. 2 h 40 de bus à travers la campagne. Annie et moi somes un peu brassées. Le car dessert tous les petits villages. Enfin la station de bus de Santiago. Au revoir Louisette! Ultreïa! Un dernier pot en compagnie de Ginette et André, une petite photo souvenir et il faut se séparer. Nous cherchons l'albergue Aquarius. Au moins 3 km pour trouver un estancot pas très engageant, tant pis nous rebroussons chemein et allons tenter notre chance au monastério malgré l'expérience de la semaine dernière. Un petit détour à l'église, nous retrouvons quelques têtes connues mais pas trace de Carlos et Luigi, ni d'Isabelle et de Philippe, quant à Pierrette et Janneot les deux cousins ils ont aussi complètement disparu. Pas de chance le Monastério est fermé aux pèlerin à partir du 30 Septembre. Nous retournons en ville, et décidons de faire confiance à une brave dame qui propose des chambre sous le manteau. Une petite chambre près de l'église pour 25 euros à deux, rien à dire. Demain un peu de magasinage comme dirait nos amis canadiens et à 17 h une nuit de car jusque Irun, le train jusque Hendaye, puis Biarritz, et notre avion jusque Lyon. C'est fini! ULREIA!